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Photo du rédacteurGi Penna

L'objet personnifié, quand la technique devient émotive

Dernière mise à jour : 28 janv. 2022



Il y a un an, avec l’arrivée des injections mal-nommée « vaccins », nous avons aussi vu apparaître une nouvelle terminologie, en tout cas pour la France, à savoir celui de «antivax».


Présent sur les réseaux sociaux, j’ai à plusieurs reprises, demandé à tous ceux qui employaient ce terme de m’en expliquer la signification. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y a pas de définition claire et précise, tant le terme est un fourre-tout. Ma seconde question est pourtant simple : Si j’ai toutes mes vaccinations officielles à jour et que je refuse un produit encore en phase expérimentale, qu’on nous présente comme « vaccin », suis-je un « antivax » ? Cette dernière question reste toujours sans réponses.


Mais au-delà de la définition de ce que peut être un « antivax », nous pourrions nous intéresser sur la fabrication de ce terme et l’intérêt de créer une séparation entre pro et anti.


Pro ou anti


Utiliser les termes pro ou anti, c’est avant tout d’imposer un positionnement. Cela reflète une vision du monde de ceux qui véhiculent ces termes et souhaitent partager cette vision ou mettre en place un modèle de société. C'est une vision binaire : "vous êtes pour ou contre". Ce qui annule automatiquement toutes autres réponses, car la binarité ne reconnaissant pas l’entre-deux, cherchera dans vos arguments à vous placer dans un des deux camps pour un affrontement obligatoire.


Au fond, cette binarité, n’est-elle pas une vision simpliste de voir le monde ? N'est-ce pas une vision que l'on pourrait qualifier de puérile ? Celui qui refuse le dit "vaccin" est-il mon ennemi ? Doit-il être terrassé, exclu, banni de la société parce qu'on me le présente comme un ennemi ? Et puis peut-on réellement être "pour" ou "contre" un vaccin ? Car, qu’est-ce qu’un vaccin, si ce n’est un outil technologique parmi d’autres ? On peut, être pour ou contre une idée par exemple et par extension pour ou contre la personne qui véhicule l’idée, mais peut-on être pour ou contre un outil inanimé ?


Comment un objet issu de la technique peut-il, à ce point, susciter autant de passions ? Ou plutôt comment créer une passion autour d'un objet ?


Nous pouvons déjà essayer de comprendre ce qui déclenche cette passion. Car derrière cela, il y a un désir de prêter une intention, d’humaniser, de personnifier, d'animer (dans le sens de donner une âme) à un objet technique, pour susciter une émotion. Il y a quelques années déjà, c’est une stratégie pour laquelle Apple a opté et qui s'est démocratisée ensuite comme un biais psychologique dans le marketing. Comme pour leur gamme d'ordinateur sortie 10 ans auparavant, puis de leurs tablettes, au moment de sortir leur téléphone, le simple ajout de "i" (je en anglais) devant «mac, pod, pad ou phone » a eu le pouvoir de personnifier un objet-outils technique. Ainsi le marketing a trouvé un moyen de donner une profondeur à l'objet, pour enclencher un mécanisme mental d'affection et de souhait d’appartenance. Qui a vécu cette époque, sait à quel point il était important d'avoir son "imac" ou "son iphone", l'outil technologique présenté comme l'excellence, comme la pointe de la technologie, comme le moyen absolu de se valoriser et d'exister dans un groupe social.

Pour en revenir à notre sujet, l’emploi du mot « dose » pour les injections n’est pas anodin. Issu du grec dosis qui signifie don, action de donner, le mot dose est un terme qui a une signification plus moderne, en particulier chez les toxicomanes qui ont besoin de "leur dose". Dans la toxicomanie, la dose c’est un don que l’on se fait à soi-même pour atteindre une extase, un état de conscience modifiée. Cet état second souvent cherché pour fuir une douleur et atteindre une illusion de plaisir, aboutit par nouer une relation affective avec cette dose que l'on associe au plaisir. Assez troublant que pendant un temps, l'application pour trouver un créneau de "vaccination" a adopté la formule : "vite ma dose".

C’est pourquoi l’emploi des termes "ma dose" ou « votre dose » ont été savamment choisis comme une vision poétique de ce que la « dose » peut représenter, plutôt que l’emploi de mots comme « injection » ou « inoculation » qui tout de suite prennent un champ lexical plus médical, plus froid et moins bohème. Tout comme pour l’« iphone » l’emploi de « ma dose » est apparue exactement dans la même intention d’amorce mentale. Tout cela est parfaitement calculé, savamment choisit par des personnes qui savent vendre des produits. Et dans le milieu du marketing les mots pour désigner les choses ont une importance capitale, c’est ainsi qu’une injection, ne prend pas ou plus un caractère de vaccination et devient une dose qu'il faut avoir, en la personnifiant, en lui donnant une dimension d'appartenance par l’emploi des possessifs « ma » ou « votre ».

Dans ce caractère poétique vous vous faite un don à vous-même pour le bien de tous, c’est ainsi que l’on nous a aussi présenté ces doses comme un geste altruiste et de solidarité. Et tout comme l'iphone ou l'imac en leur temps ces vaccins ARNm nous sont présentés comme la pointe de la technologie, comme le soin par excellence, comme le produit qui va vous permettre de faire partie du groupe social (d'autant plus avec le pass vaccinal).

Plus récemment c’est le PDG de Pfizer en personne qui indiquait qu’il "fallait sortir de la peur du vaccin, et que pour en sortir il fallait utiliser l’amour", car selon lui "chez l’humain le seul sentiment qui soit plus fort que la peur c’est l’amour". Nous pouvons observer par cette communication, que l’objet qu’est le vaccin a été personnifié au point de ressentir des émotions, des sentiments de « peur » et comme Mr Bourla le suggère d’amour pour combattre cette peur. Il ne nous viendrait pourtant pas à l’esprit de donner une dimension aussi profonde à l’ensemble des objets techniques qui nous entourent. Car au même titre que le vaccin, une perceuse ou des lunettes sont des outils issus de la technique. Peut-on déclarer être pro ou anti perceuse ? Peut-on, quelque part, éprouver des sentiments de peur ou d’amour envers son aspirateur ou son téléphone ? Ces idées paraissent bien ridicules voir psychopathologique, c’est pourquoi se dire être pro ou anti vaccin ou d’avoir peur ou d’aimer un vaccin ça ne veut rien dire, cela serait l'équivalent de dire qu'il y a des pros et des anti lunettes ! Les vaccins comme les lunettes sont des outils. Ils sont issus d'un progrès technique et n’ont pas une conscience, une pensée propre à laquelle nous pouvons nous opposer ou adhérer aveuglément. Les outils techniques ont une utilité et vont avoir une importance à un moment clé. Nous n'avons pas vocation à être contre un objet-outils du moment que nous jugeons qu’il nous est utile. L'outil doit être présent dans notre vie comme une aide, il n'a pas pour vocation à devenir indispensable.


Rendre l'outil indispensable

C’est peut-être là l’intention plus profonde encore, que de donner une dimension d’indispensable à l’objet technique. Car derrière l’objet, il y a des humains et une pensée. Cette pensée peut aller jusqu’à la dévotion envers l’objet. Une forme nouvelle de croyance plus matérialiste que jamais. Quand l’intention est de rendre indispensable un outil à la vie humaine, c’est une idéologie bien connue à présent qui se cache derrière, qui est celle du transhumanisme.


"Peut-être que la focalisation sur l’objet permet de ne pas remettre en question l’idée..." Le transhumanisme veut transcender l’humain à travers l’objet, comme par exemple quand on peut lire que le projet c’est de transférer ses données, son savoir, son intelligence dans un robot. Là encore il serait ridicule d’être pro ou anti robot, mais peut-être que la focalisation sur l’objet permet de ne pas remettre en question l’idée. Quand un dit « vaccin » est présenté comme un booster d’immunité ou comme celui qui peut être plus performant qu’un système immunitaire naturel, n’est-ce pas une forme de transhumanisme ? Car là aussi, c’est l’objet qui transcende l’humain. Le rendre indispensable en multipliant les injections c’est accepter l’idée transhumaniste. L’idée transhumaniste pour arriver à ses fins, n’hésitera pas à utiliser les outils psychologiques pour donner une autre dimension à la technique. L’humain a besoin de se projeter dans ce qu’il y a de conscient, dans la pensée de l’autre pour trouver un sens à ses actions ou ses pensées. L’objet en lui même n’a rien de tout cela c’est pourquoi, on le rend attractif en lui donnant une âme qu’il n’a pas, mais par l’utilisation d’une sémantique bien choisie, on peut donner l’illusion que l’objet pense, que l’objet vie, que l’objet parce qu’il a une élaboration technique est intelligent et peut être personnifié.


C’est une distorsion mentale à haut risque, qui créera une dépendance à l’objet et qui ira au-delà de sa capacité technique. L’humain vivant dans le questionnement sur son être, trouvera la plus grande des frustrations à l’absence de réponses que l’objet ne peut lui fournir et bien que l’intelligence artificielle progresse, elle ne peut atteindre les questions profondes de l’âme humaine. Tout cela pour dire que nous ne sommes qu’au début d’une personnification des objets techniques, que c’est par le clivage, la manipulation psychologique que les idéologues parviendront à faire accepter leur vision du monde. L’important c’est bien évidemment de prendre le temps de décrypter ce qui se cache derrière les terminologies employées et aussi de comprendre que la manipulation est réussie quand on ne s’aperçoit même plus que le chemin que l’on vous a fait prendre était entièrement fléché.

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